Les “hermes”
Le nom du village des Hermaux rappelle la façon dont on appelait, sous l’Ancien Régime, les anciennes terres désertes et incultes : les “hermes”. Mais aujourd’hui, en traversantes prairies alentours, vous verrez bien que les terres sont bel et bien cultivées.
Les Hermaux est un petit bourg authentique où la plupart des maisons ont gardé leurs murs en pierre, des pierres sombres de basalte et de granite, une des caractéristiques principales du bâti des contreforts du plateau de l’Aubrac. Son origine très ancienne est liée à l’existence d’un château près de l’église, dont il ne reste malheureusement que la chapelle, qui fut transformée en église paroissiale et dont ne subsiste que le cœur dans l’église actuelle.
Vous ne manquerez pas de remarquer les bâtiments communs tels que le four, le séchoir à châtaignes, la fontaine couverte : ils sont indiqués par la plaque en lauze de schiste, écrite en français et en occitan. Ces plaques ont été apposées afin de rappeler ces anciens usages.
Un peu d’Histoire
A la découverte du village
L’origine du village est malheureusement floue car elle s’est perdue dans la nuit des temps. On sait qu’un château a existé, sur la place près de l’église. Le seigneur des Hermaux était alors à l’époque le baron de Canilhac, qui rendait hommage aux seigneurs de Peyre. Ceux-ci relevaient eux de l’évêque de Mende, qui possédait sous décret du roi une grande partie des terres du Gévaudan. Le château était un ouvrage défensif, protégeant les Hermalziens et les terres du seigneur se trouvant au confins les plus élevés de sa baronnie. Des remparts qui entouraient le village autrefois, il ne reste qu’une unique porte. Les gens qui arrivaient de l’Est n’avaient d’autres choix que de la franchir pour pénétrer dans l’enceinte du bourg. Rendez-vous compte que jusqu’en 1875, la commune ne possédaient pas une seule route praticable de communication avec les autres communes ! On construisit alors cette année-là la route allant de Saint-Germain du Teil au village en passant par les hameaux du Mascoussel et de la Fabriguette.
La Maison du Cadet et les plaques des villages
Allez voir la “maison du Cadet” et observez son beau porche, typique de l’architecture des Hermaux. Elle est appelée de la sorte en référence au maire du village, « cadet » en occitan. Celui-ci vivait encore ici il y a quelques décennies. Vous pouvez voir le nom de la maison inscrit sur des plaques de lauze. Des enfants du pays, le couple Bouchier, les ont réalisés en 1976. 45 plaques similaires sont disséminées dans le bourg. Ecrites en occitan et en français, elles perpétuent les anciens noms donnés aux rues, aux places et aux maisons du village. Elles contribuent à sa mémoire ainsi qu’à celle de ces habitants. Jadis, le village se suffisait à lui-même car il possédait de nombreux corps de métiers. En 1845 on dénombrait 686 habitants pour 144 maisons. Il y avait alors un cordonnier, un forgeron, un tailleur d’habits, un tailleur de pierres, un meunier, un tisserand … Certaines de ces lauzes indiquent les maisons où ces gens vécurent (la place du cordonnier, la maison du forgeron…).
La peste évitée
Il ne fait pas bon vivre en Gévaudan en l’an 1720. Après une grande famine ayant profondément affaibli le peuple, le fléau de la peste s’abattit sur lui. Il est probable que celle-ci fut ramenée par le commerce de laine venue de Smyrne, en Asie Mineure, actuelle Turquie. C’est un malheureux marchand qui l’aurait ramenée au hameau de Corréjac, près d’Auxillac, en revenant d’une foire à Saint-Laurent d’Olt où il aurait été en contact avec des tissus contaminés. Par peur de voir ce fléau arriver aux Hermaux, le curé de l’époque organisa une mission prêchée par le père Valette. Le jour de la clôture, le 14 septembre 1722, on érigea une croix dédiée à Saint-Roch au milieu de village. Voici un extrait de l’acte de voeu déposé par le curé aux archives :
« considérant et voyant avec regret et douleur que la peste ou mal contagieux s’augmente de plus en plus autour et voisinage de la dite paroisse des Hermaux, que la source et la cause de ce fléau dont nous sommes menacés ne peut procéder que des péchés dont nous avons le malheur de commettre si souvent, reconnaissant que c’est un effet de la colère de dieu et que pour apaiser et calmer, nous sommes résolus de nous disposer à la mort et nous mettre sous la protection du glorieux et bienheureux St-Roch en faisant à son honneur une confession sincère de tous nos pêchés et une sainte communion pour obtenir de Dieu par son secours tout ce qui nous sera nécessaire pour le temps et pour l’éternité ». D’aucuns affirmeront que cet initiative fut efficace car le mal qui a décimé plus de la moitié de la population des villages de Banassac et de La Canourgue n’a pas atteint les Hermaux, tout comme il a épargné les villages du Mandement de Nogaret (Trélans, Saint-Germain du Teil et Saint-Pierre de Nogaret) et des Salces.
Église Sainte-Madeleine
Le chœur de l’église des Hermaux, qui est la partie la plus ancienne de l’édifice, constituait la chapelle d’un château datant du XIIe siècle, aujourd’hui disparu. L’abside romane à 5 pans est divisée en 2 étages, soulignés par une corniche posée sur un rang de billettes. Les arcs en plein-cintre retombent sur les hautes colonnes encastrées.
Avec la chapelle nord, qui elle aussi a conservé son appareil en pierre, le chœur constitue la partie la plus ancienne et la plus remarquable.
Le clocher massif, surmonté d’une flèche élancée, a été construit au XIXe siècle.